Ça y est l’automne est là. Plus question de faire les malins, on vient de passer de la veste en toile pour soirées fraîches à la doudoune en plumes en moins de deux semaines, gants et bonnets inclus. J’ai presque épuisé mes arguments pour l’hiver. Bref, un temps à aller au musée, alors nous sommes allés voir l’exposition Monet. Beyond impressionism au musée Ordrupgaard près de Copenhague.
Je vous épargne les 30 minutes de vélo pour y aller, le faux plat, la bruine, les cinq degrés, le portable dans une main pour se repérer, le rétropédalage pour freiner et le code de la route pour bicyclettes à ne pas négliger. Je vais plutôt vous parler de cette belle exposition de peinture que l’on a vue une fois arrivés, rougis, ébouriffés et humides. La plus grande exposition de Monet en Scandinavie, by the way.
Aparté sur la peinture
J’ai toujours aimé la peinture : les couleurs, les formes et ce qu’elle procure quand on la regarde. Mais fut un temps où je me questionnais sur le fait de pouvoir me positionner par rapport à l’art, à un tableau puisqu’on parle de peinture. C’est vrai, il y a un côté un peu snob à l’art. Que doit-on penser d’un tableau, de surcroît s’il est de maître ? Sauf si l’on est initié ou expert en la matière, quelle légitimité a-t-on pour dire si une œuvre est belle, laide, bien exécutée, ambitieuse, innovante ou que sais-je encore ? Qu’est-ce qui compte ?
Aujourd’hui je suis un peu plus initiée, mais toujours pas experte. Et pourtant, mon rapport à l’art a beaucoup changé : il s’est affirmé.
Quand je regarde un tableau, ce qui m’importe c’est ce que je ressens. Ce sont les sentiments qu’ils m’évoquent, la manière dont il me transporte ou me laisse complètement de marbre. L’important c’est d’abord mon regard et non celui que je suis censée avoir car des experts en la matière l’ont analysé ainsi. Je ne dis pas non plus que leur point de vue ne m’intéresse pas mais je ne sous-estime pas le mien. Je pense qu’apprécier l’art découle du rapport très personnel que l’on a avec l’œuvre que l’on regarde.
Alors je vais partager ce que j’ai aimé et ce qui m’a touchée dans cette belle exposition Monet. Beyond Impressionism. Ni plus ni moins.
« Tout le monde parle de mon art et prétend le comprendre. Comme s’il était nécessaire de comprendre alors qu’il suffit d’aimer. »
— Claude Monet
Le sujet de l’exposition
Juste pour situer. Cette exposition est orientée sur les séries de tableaux faites par le peintre et donne à voir certaines des plus célèbres : le Pont de Waterloo, la Cathédrale de Rouen, les Nymphéas et les Meules. Elles rassemblent des œuvres de Monet parmi les plus célèbres provenant de musées d’un peu partout dans le monde – The Metropolitan et le MoMA à New York, The National Gallery à London, le Musée d’Orsay à Paris et The National Gallery of Australia à Canberra. Une opportunité rare, donc, de pouvoir admirer ces œuvres rassemblées là.
Ce que j’ai aimé
La lumière. Fabuleuse. Je me demande si les tableaux de Monet s’éclairent quand on les plonge dans le noir tellement ils sont lumineux. De près, on voit des couleurs franches : des verts, des jaunes, des rouges, des roses. De loin, on voit l’aube, le crépuscule, la brume, la vie, la nature qui pousse. Les tableaux sont tellement vivants qu’on sentirait presque le vent frais qui balaye les côtes normandes.
Les séries. Monet a donc beaucoup travaillé par séries. Il peignait parfois 30-40 fois les mêmes scènes à différents moments de la journée et de l’année, travaillant inlassablement les couleurs pour retranscrire sur ses toiles la lumière, l’atmosphère et la fugacité d’un moment. C’est précisément en cela que cette exposition est intéressante et permet de se rendre compte de ce travail et du talent dont il fait preuve pour y parvenir. C’est aussi avec ces séries que Monet a innové de ses pairs impressionnistes en travaillant par la suite des motifs plus abstraits.
« Je veux peindre l’air dans lequel se trouve le pont, la maison, le bateau. La beauté de l’air où ils sont, et ce n’est rien d’autre que l’impossible. »
— Claude Monet
Les plus de l’expo
Le film. Un documentaire projeté dans une petite salle obscure à côté de la verrière retrace sa vie, ses influences, son évolution en tant qu’artiste. Il replonge les œuvres de l’exposition dans le contexte de leur création et montrent les différents lieux où Monet a vécu et qui ont façonné sa peinture – et notamment sa fameuse maison de Giverny (Normandie) qui abrite aujourd’hui la Fondation Claude Monet.
Le coin pour les enfants. Les enfants peuvent aussi appréhender le monde de l’artiste en explorant le « Jardin magique de Monet ». Une salle aménagée leur permet de grimper, sauter, jouer avec tout ce qui les entoure. Bref, de quoi solliciter leur sens, y compris l’odorat en reniflant les fleurs qui bordent l’étang magique…
Le lieu. C’est la première fois que nous allions dans ce musée et rien que l’architecture interpelle. Le musée est composé de bâtiments anciens (1916-1918) dessinés par l’architecte danois Gotfred Tvede et d’une extension réalisée en 2005 par l’architecte anglo-irakienne Zaha Hadid. C’est quand même plus sympa d’y aller quand il fait beau pour profiter aussi du parc qui l’entoure, parsemé d’œuvres et d’arbres majestueux. Mais depuis le café, avec un bon thé bien chaud et une part de gâteau, on a aussi une belle vue. ;-)
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INFORMATION PRATIQUE
Exposition Monet. Beyond impressionism.
Jusqu’au 04 décembre 2016 au Ordrupgaad Museum (Charlottenlund, Danemark).
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