Nantes – Petit déjeuner à la française à La Cigale

J’adore ces brasseries et cafés qui ont traversé le temps sans changer de décor. C’est souvent une expérience multisensorielle, un voyage dans le passé mais aussi dans les lieux et dans l’assiette. On a même envie de bien s’habiller pour l’occasion, comme pour célébrer la beauté de l’endroit et le talent de ces artisans-artistes d’antan.

Nous avons visité Nantes sous la pluie, avec quelques répits mais sous un ciel qui se confondait avec le gris clair légèrement marbré de la pierre des vieux immeubles du centre-ville. Arrivés sur la place Graslin, l’élégante devanture blanche et bleue de La Cigale nous a tout de suite sauté aux yeux. À peine passé la tête à l’intérieur, nous avions décidé d’y prendre le petit déjeuner le lendemain matin.

À propos de La Cigale

La brasserie fait face au théâtre Graslin (opéra). Classée monument historique depuis 1964, elle a conservé son décor style Art nouveau de l’époque, dont l’intérieur, entièrement recouvert de céramique et orné de statues, peintures et miroirs, est à couper le souffle. La Cigale a été conçue par Émile Libaudière, architecte-céramiste nantais (1853-1923), et ornée par le sculpteur Émile Gaucher et le peintre Georges Levreau.

Elle fût inaugurée en 1895 et attira dès lors les bourgeois et artistes de l’époque. Puis, du temps des Surréalistes, Jacques Prévert et André Breton y avaient leurs habitudes. La brasserie a aussi servi de décor à plusieurs films, dont Lola de Jacques Demy. Si elle a bien failli être abandonnée dans les années 70, elle est aujourd’hui un lieu emblématique de Nantes, et on comprend pourquoi.

Nappe blanche et croissants frais

Je ne vous cache pas qu’en étant expatriés hors de France, on se surprend à avoir des envies de nourriture française parfois incompréhensibles, du moins comme on en avait rarement quand on habitait là… Je pourrais faire des éloges sur la cuisine française, mais je m’en tiendrai pour l’heure à cette confidence : en ce moment, je rêve de viennoiseries et de brioche. Truc de ouf ! J’ai même trouvé un des seuls endroits à faire des croissants décents dans tout Copenhague. Et la dernière fois que je suis rentrée en France, j’ai fait gare-boulangerie-coiffeur, et je bâfrais mon pain au chocolat devant le miroir, en peignoir et le cheveu humide, avec un contentement certain. L’odeur de la mousse à coiffer par dessus, même pas peur. Le bonheur.

Mais je m’égare. À La Cigale, on a donc commandé un petit-déjeuner à faire virer diabétique le moindre étranger en vacances qui poserait le regard sur notre table : mini croissants et pains au chocolat, brioche maison, pains frais, beurre salé et confitures maison, jus d’orange frais, et pour couronner le tout (un vrai) chocolat chaud Valrhona. Et bim ! Sonnez hautbois et résonnez musettes…