[Portrait] Top rentre de Bristol

Alors que nous attendons notre bus pour Ranong, Top nous lance, hésitant, « Français ? ». Nous répondons « Oui ! » de concert. Puis, nous commençons à discuter en anglais. Top rentre dans sa ville natale, où un job de professeur de biologie et d’anglais l’attend. Chapeau en feutre, T-shirt aux écritures fluo, jean et chaussures en cuir marron, il se démarque des autres Thaïlandais par son style à l’occidentale, qui d’emblée nous a interpelé. C’est qu’il rentre de Bristol, une ville du sud-ouest de l’Angleterre où il a passé deux ans pour ses études. Fier, il est maintenant diplômé et a trouvé cet emploi de professeur à distance. Bref, il rentre au pays, retrouver sa famille. Top est curieux, cultivé et intéressé de parler avec nous, occidentaux, Français. Nous aussi. Il se hasarde de temps en temps à prononcer quelques mots de français qu’il a appris ça et là. Nous profitons de la demi-heure de bus jusqu’à la gare du Sud pour échanger sur des sujets divers et variés. Nous nous imaginons dans quel genre de famille il a pu grandir pour pouvoir aller étudier en Angleterre. Le niveau de vies y est si différent par rapport à ici. Sa mère tenait un magasin de vin. Cela nous donne un indice sans nous informer davantage. Nous n’affichons pas notre curiosité et laissons la conversation dériver. En confiance, nous abordons les religions. Il nous dit qu’en Thaïlande, où cohabitent bouddhistes, chrétiens et musulmans, les gens n’en parlent pas. Cela évite les conflits. Ainsi, chacun vivrait sa religion. N’est-ce-pas comme cela que ça devrait se passer ? Top est bouddhiste et nous explique que vers 20 ans, tous les garçons doivent entrer au monastère pendant un mois afin d’y apprendre, entre autres, les rudiments de la religion. Ainsi, chaque jour, en habit de moine, ils se lèvent tôt pour aller chercher la nourriture dans la rue. Ils ne mangent qu’une fois par jour, prient, apprennent, enseignent aussi. Après, généralement, les gens se marient. C’est un peu comme devenir un homme. « If you don’t do that, you’re considered as ‘uncooked’ ! », nous dit-il. (Si tu ne fais pas cela, tu es considéré comme « pas cuit »). Comme un repas qui ne serait pas encore prêt à être servi ! Cette image nous fait sourire, mais nous impressionne en même temps. Nous quittons Top à la gare avec le sentiment qu’il s’est passé quelque chose de mutuel. Un respect, une curiosité, d’humains à humains.

 

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