Kampong Khleang : les pieds dans le lac Tonlé Sap

Kampong Khleang, Cambodge

Lors de notre virée au temple de Bang Mealea (Angkor, Cambodge), nous avions également prévu de faire un crochet au sud vers le fascinant lac Tonlé Sap pour visiter Kampong Khleang, un village flottant de 500 foyers.

Pra, notre chauffeur de tuk-tuk nous dépose devant le temple qui surplombe le village. Il y a des arbres sous lesquels garer son bolide et faire une sieste en nous attendant. De là, nous avons une vue d’ensemble sur ce grand village qui borde le lac Tonlé Sap – littéralement « grande rivière d’eau douce » en khmer –, lequel fait office de trop-plein du Mékong pendant la saison des pluies (voir encadré).

Village de Kampong Khleang, au bord du lac Tonlé Sap, Cambodge

Un village de pêcheurs

À présent, c’est la fin de la saison sèche et le lac est au plus bas, il laisse entrevoir les longues jambes des maisons sur pilotis. Nous sommes accueillis d’emblée par une surprenante odeur de poisson. Pas étonnant, en contre-bas des pêcheurs débarquent de leur long boats des paniers remplis de friture et petites crevettes qui finiront séchées au soleil. Non loin, un homme décharge d’imposants blocs de glace en équilibre sur son épaule pour qu’un autre les découpe à la scie circulaire. À part cela, le village de Kampong Khleang est calme. Tout de bois construit, il semble fragile mais en réalité, il vit en parfait équilibre.

Les pêcheurs débarquent de leur bateaux des paniers remplis de poissons. Lac Tonlé Sap, Kampong Khleang, Cambodge

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La vie sur terre

Alors que nous longeons le Tonlé Sap à pied sur une route certainement immergée la moitié de l’année, nous essayons de nous imaginer combien la vie doit être différente pendant la saison des pluies, ici à Kampong Khleang. L’eau atteint alors plusieurs dizaines de mètres et les terrasses des maisons aujourd’hui si haut-perchées se retrouvent à seulement quelques centimes de la surface. Mais l’eau s’est retirée et nous découvrons les coulisses de cette vie si particulière. Au pied des habitations, des centaines de pièges à crevettes sont entreposés, les enfants jouent, se cachent, les hommes se prélassent au fond de hamacs, et quelques femmes tiennent leur petit commerce. Ces gens vivent la moitié de l’année sur terre et l’autre moitié, sur l’eau.

Les enfants jouent sous les maisons sur pilotis. Kampong Khleang, lac Tonlé Sap, Cambodge.

Des centaines de pièges à crevettes sont entreposés sous les maisons. Lac Tonlé Sap, Kampong Khleang, Cambodge.Nous errons discrètement dans les rues, pour ne pas déranger. Peu de touristes viennent dans ce village car il est loin de Siem Reap. Il faut donc faire attention de ne pas le dénaturer : la vie ici semble quasi vierge de toute influence extérieure. Nous ne resterons pas longtemps, échangerons bien assez de mots, de sourires et de signes de la main, puis nous irons retrouver Pra, qui nous gratifiera de sa bonne humeur après une bonne sieste.

***

 

Carte montrant le village de Kampong Khleang et le lac Tonlé Sap au Cambodge.

Les flèches bleues marquent le phénomène de vases communicants qui s’opère au fil des saisons.

Un système hydrologique unique au monde

Le Lac Tonlé Sap est le plus grand lac d’Asie du sud-est. Il a de surcroît un fonctionnement hydrologique unique au monde : il fait office de trop-plein du Mékong pendant la saison des pluies et s’opère alors un phénomène de vases communicants.

Ainsi de juillet à novembre, alors que le Mékong est en crue et que la quantité d’eau est supérieure à celle du Tonlé Sap, le courant s’inverse et le lac se gonfle. Il multiplie alors sa surface par quatre et sa profondeur par dix ! Ce phénomène permet notamment d’éviter les risques d’inondation plus au sud. De février à juin, le lac se vide petit-à-petit et l’eau va rejoindre la mer de Chine (voir carte ci-contre).

[Le saviez-vous ?]
Le Tonlé Sap fournit aux trois millions de Cambodgiens vivant autour du lac pas moins de 400 000 tonnes de poissons par an. Il s’agit de la pêcherie d’eau douce la plus intensive au monde. En saison sèche, les sédiments laissés par les eaux qui se sont retirées favorisent une culture des terres allant jusqu’à trois récoltes par an.

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5 commentaires

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