Alors que les discussions vont bon train dans le bar-restaurant de notre auberge de Bangkok, nous faisons la connaissance d’un couple de retraités, « Dani et Jean-Pi », de Paris. Ils semblent bien connaître l’Asie. Et c’est peu dire ! À croire qu’ils sont allés partout. Ils ont quelque chose de touchant, sans trop savoir quoi. Comme nous leur faisons part de notre projet de voyage, ils se lancent dans l’énumération des endroits qu’ils ont préférés, avec une fraîcheur inhabituelle aux vieux routards. Cela fait peut-être douze ans qu’ils parcourent l’Asie du Sud-Est dès qu’ils le peuvent. Leurs enfants sont grands, la trentaine, et eux semblent avoir gardé cette énergie, ce désir que l’on attribue souvent à tort à la jeunesse. Ils enchainent l’un après l’autre leurs souvenirs les plus marquants, leurs yeux pétillent. Ils adorent la nature et sortent souvent des sentiers battus. Dany me parlent de la forêt primaire en Malaisie avec une douceur dans la voix et quelques battements de cils.
Alors que nous abordons avec prudence notre voyage, ces deux-là ne semblent avoir peur de rien. Comme s’ils faisaient encore confiance en la nature humaine, en la vie. Nous nous méfions de tout pour le moment et les entendre nous fait du bien, nous donne confiance à nous aussi. La discussion continue de plus belle et lorsque Fernand s’en mêle, une petite compétition entre les expériences de voyage des uns et celles de l’autre est en train d’avoir lieu. Cela nous fait marrer ! Les vieux routards se défient gentiment. Puis, les trois tombent d’accord quand soudain ils commencent à dévoiler leurs vieilles (ou pas) expériences psychédéliques… Voilà maintenant que Dany nous compte son expérience des happy pancakes dans une de ces auberges de voyageurs. Amusés, nous finissons tout de même par leur dire, un peu merdeux, que nous ça ne nous branche plus trop ces expériences. Les vieux cons ne sont pas toujours ceux que l’on croit.
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