En 2015, nous avons fini l’année en beauté car après presque un an de voyage nous passions les fêtes chez nos amis australiens à Adélaïde, cinquième ville d’Australie et capitale de l’Australie-Méridionale. Un bonheur de prendre part à cette ambiance familiale festive alors que nous étions si loin de chez nous depuis déjà un certain temps.
L’accueil fût plus que parfait. À la base, disons que cette rencontre est belle, follement belle depuis presque 20 ans (déjà…). Ainsi, nous étions comme en famille. Et nous avons été gâtés à en perdre les mots.
O°o.O°oO.o°
Et parmi les nombreuses attentions que nous avons reçues, nous avons été invités pour un lunch au restaurant Orana. Cette adresse située sur la très centrale Rundle Street propose une cuisine fine à base de produits natifs du bush, de saveurs indigènes. Étonnant, non ? Notre curiosité était à son comble, et nous n’avons pas été déçus.
Le restaurant
On accède au restaurant par un escalier de fer qui grimpe le long d’un mur de briques rouges sur le côté droit d’un bâtiment à l’ancienne arborant fièrement « 1982 » sur le haut de sa façade. L’entrée se veut discrète comme pour donner un côté privilégié au lieu. Sur la porte d’entrée, le nom du restaurant – « bienvenue » dans une des langues indigènes – nous invite à entrer. On nous conduit à notre table. Le service est au carré, presque récité.
L’ambiance est classe, moderne, intimiste ; le mobilier, rétro-chic. Les couleurs sont douces, plutôt terriennes, comme pour ne pas contredire la cuisine. Rien pour perturber notre dégustation, pas même la brise glacée de l’air conditionné qui contraste radicalement avec la chaleur extérieure du plein été austral.
La mise en scène
Tout se déguste en petites bouchées, délicates cuillerées, crocs tantôt moelleux tantôt craquants sur un défilé de belle vaisselle en bois ou terre. Ça croustille, ça s’attendrit, ça fond dans la bouche. Tout est là pour séduire les yeux, le palais et pour défier nos sens. On croît reconnaître mais on n’est plus sûrs de rien à mesure de la mastication. Le doute s’installe, et on finit par se laisser emporter, les yeux à moitié clos et les sens surexcités.
Le menu
Le repas commence par une série de mises en bouche, aussi surprenantes les unes que les autres, telles que cette crème de macadamia au thym natif, ce petit pain affreusement moelleux à coucher préalablement sur des charbons ardents ou encore du calamar aux feuilles de framboisier local. Un défilé de curiosités qui ouvre le rideau sur une suite d’histoires culinaires en quatre actes.
Une pièce d’orfèvre faite de kholrabi (chou-rave), quandong (fruit rouge à noyau aux goûts de pêche et rhubarbe), eucalyptus et myrte citronné annonce la couleur.
S’en suit de fines tranches de viande de kangourou rosées à souhait agrémentées de gubinge (prune native), d’herbes et d’ail sauvage. Ce plat est parfaitement équilibré, tendre, fin, parfumé. Le silence se fait. Nos papilles sont conquises.
L’agneau du Suffolk à tête noire, lui, arriva fondant et décoré de baies d’atriplex (saltbush) couleur rubis, de pomme de terre et poireau fumés.
En dessert, une quenelle de lait de beurre arrosée d’une sauce au vinaigre de fraise et à l’eucalyptus. Explosion de douceur et d’acidité. Café et truffes. Rideau.
Les vins
À l’exception du Champagne Blanc de Blancs qui accompagne les mises en bouche, les vins sont tous australiens. Aussi étonnant que cela puisse paraître (ou non d’ailleurs), aucun Shiraz (Syrah) n’est au menu. Goût trop prononcé ? Choix trop facile ? Ou juste inadapté aux plats ? Quoiqu’il en soit le choix est futé, le mariage parfait à l’allure d’une danse collée-serrée. Encore un régal de subtilité puisque chaque vin est délicat et offre une progression intéressante dans le palais. Il se dévoile, s’enrichit, s’arrondit. Il s’affirme ou au contraire se fait discret.
°o.Oo°O.o°O
Ce lunch fût un très bon moment, plein de surprises gustatives, de saveurs nouvelles et inconnues. Sachant notre penchant pour une cuisine goûteuse, curieuse et créative réalisée à base de produits savoureux et naturels, on ne pouvait pas être mieux lotis.
Indéniablement, le Chef (et gérant) Jock Zonfrillo manie ces ingrédients avec brio. Il a fait preuve d’une grande inventivité en créant ces plats étonnants à la fois terrien et subtil. C’est un voyage, autant qu’un jeu, un divertissement.
Le restaurant Orana célèbre ainsi un peu de l’identité australienne, des saveurs et des goûts natifs de cette terre, et supporte de la même manière les producteurs indigènes. Tout de même.
Une expérience à considérer sérieusement si vous passez à Adélaïde, ou si vous n’êtes pas trop loin ou suffisamment près.
Un grand merci, Chers Amis.
+++
Restaurant Orana
1/285 Rundle St, Adelaide SA 5000, Australie
www.restaurantorana.com
Au rez-de-chaussée se tient une adresse plus informelle et plus abordable, gérée par le même chef : il s’agit de Street-ADL, un bar restaurant à l’ambiance énergique et décontractée.