Ça y est, nous sommes rentrés de voyage. Ça fait bizarre d’écrire ça, mais au goût de la sublime tomme de chèvre que j’ai mangée hier soir, je vous le confirme. C’est bien réel. Et plus bizarrement encore, je crois qu’on est plutôt contents d’être là.
Forcément, on s’est fait accueillir à grand renfort de bonne bouffe française et de bons copains, et c’est particulièrement ce qui aurait pu nous manquer le plus sur la route. Puis on est des sensibles, que voulez-vous… Mais il semblerait qu’on le vive plutôt bien. Cela dit, ça ne fait que quelques jours et on n’est pas à l’abri de tomber dans une sévère dépression post-retour, un travel blues inconsolable. Qui sait !
L’alignement des étoiles
Cependant, à bien y réfléchir, ce retour n’était quand même pas gagné… Et pas forcément pour les raisons auxquelles on s’attend.
À l’aéroport de Copenhague, où nous avons passé notre dernier mois de voyage (pas à l’aéroport, à Copenhague hein !), les choses étaient disons incertaines… Dans les médias, les grèves des transports aériens menaçaient pile le jour où nous prévoyions de rentrer, Mère Nature pleurait toutes les larmes de son corps meurtri sur plusieurs régions françaises, et le gouvernement venait d’envoyer une galoche à la tronche de la démocratie qui fait déjà pâle figure… Ajoutons à cela le fait que, de vie d’homme, le printemps n’a jamais été aussi beau à Copenhague. On se pâmait en short et t-shirt pendant que beaucoup de nos malheureux concitoyens écopaient leur living room suite aux terribles inondations. On ne peut pas franchement dire que les étoiles étaient alignées en direction de la maison.
D’ailleurs, ce serait exagéré de dire qu’on en venait à espérer que les grèves nous bloquent en route mais comprenez-nous, il faut une sacrée force de caractère pour rentrer avec tout ça.
Mais heureusement… on a eu un accueil en fanfare. Musique, Maestro !
Bienvenue en France !
Pour aller à Lyon, Easyjet nous a sorti le grand jeu : « Oh un retard, fallait pas ! » Une surprise préparée et accumulée depuis le matin, rendez-vous compte. Rien d’extraordinaire non plus, mais agrémenté tout de même d’une vingtaine de minutes supplémentaires pour que l’équipage prenne sa pause de la journée. Juste assez pour nous permettre de louper de quelques minutes la dernière navette qui fait le lien avec Grenoble. Quel talent ! Et la compagnie de bus était aussi sur le coup car elle a orchestré cela avec brio en arrêtant le service à 23 h 30, un samedi soir. Certainement des années d’expérience, mais ça fait toujours son effet ! Voilà un service à la française aux petits oignons. « E.T. maison ! », me suis-je dit dans ma tête. L’émotion était à son comble…
L’aventure continue…
Ainsi, nous nous trouvions, encore haletants, devant l’arrêt déserté par les bus mais peuplé de passagers oubliés qui comme nous étaient impatients de vivre une aventure nocturne prometteuse. Pour pimenter la nuit qui commençait, nous avions alors à répondre à une question cruciale : allons-nous partager un taxi (l’épreuve de la négociation me faisait déjà piétiner d’impatience !) ou passer la nuit à l’aéroport sur un siège en fer strictement délimité par deux accoudoirs. Un choix difficile, je vous l’accorde ! On n’a pas tous les jours la possibilité de finir un voyage de la sorte.
Nous avons finalement penché pour le taxi et avons constitué derechef une équipe : cinq autres personnes, certes un peu battues d’avance mais motivées tout de même pour un dernier trajet avec à la clé un repos dans un lit douillet. Erik se jeta dans l’épreuve avec ferveur et aborda un conducteur. Il batailla vaillamment contre un tarif de nuit et une avalanche d’arguments sur la misère de la situation.
Je lui embrayai le pas quand soudain nous perdîmes deux membres de l’équipe qui considérèrent que 32 euros par personne pour faire 100 km la nuit dans un taxi, ce n’était pas raisonnable. Le prix s’engraissa aussitôt. J’entrepris sur le champ une tournée de l’aéroport, considérant que tout le monde pouvait potentiellement aller à Grenoble. Dans un élan de désespoir, j’essayai de remotiver le couple de grippe-sou qui erraient désormais dans l’aéroport ; rien à faire, ils préfèrent dormir sur place. Je leur souhaitai bonne nuit quand une potentielle recrue pointa à l’horizon. Je fonçai vers lui avec mes meilleurs arguments. (Hors de question de passer notre dernière nuit de voyage dans un aéroport à une heure de chez nous. Remarquez, ça aurait pu faire un bon billet de blog…).
Heureux dénouement
Par bonheur, il céda et nous accompagna, moi et l’autre membre de l’équipe (qui me suivait partout pour m’encourager, je suppose). Mais entre temps, le taxi qui s’était impatienté de notre décision était parti avec d’autres clients. Il fallait en renégocier un autre. Puis, pour pimenter l’aventure, le second couple nous lâcha pour appeler un membre de leur famille. Solidarité quand tu nous tiens ! (Mais pas moyen, on ne dormira pas ici !). Finalement, comble de l’histoire : l’Asie nous sauva. Une jeune étudiante taïwanaise sortie prendre l’air accepta de se joindre à nous pour rentrer au chaud dans sa résidence du campus de Grenoble. Soulagée, je la ramenai, passant devant les conducteurs de taxis qui affichaient des yeux stupéfaits devant le dénouement de ce ballet incessant. Visiblement, ils n’y croyaient plus. Ils ont eu tort.
Bref, on est rentrés de voyage.
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(Re)lire le billet d’humeur de départ.
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