Siem Reap : l’incontournable Angkor

Angkor, Siem Reap, Cambodge

Notre arrivée à Siem Reap, au nord-ouest du Cambodge, s’est révélée être comme un petit retour à la civilisation (sauf le passage de frontière qui nous a montré une corruption d’un autre temps). Durant trois jours, la ville célèbre le nouvel an khmer. Elle fourmille et scintille, la nuit venue. On perçoit une ville qui s’enrichit et se développe à vitesse grand V, et le célèbre site d’Angkor qui a fait sa notoriété n’y est pas pour rien.

Au lendemain des célébrations du Nouvel an khmer sur le site d'Angkor.

Au lendemain des célébrations du Nouvel an khmer sur le site d’Angkor.

Capitale de l’empire khmer

Un peu d’histoire

Angkor fût l’ancienne capitale de l’Empire khmer qui exista entre le IXe au XVe siècle. Elle fût fondée en 889 par Yasovarman Ier à proximité de l’étonnant lac Tonlé Sap, de la rivière Siem Reap, et de collines et de plaines fertiles propices à la culture du riz. Les rois qui se sont succédés par la suite ont participé à son essor et à sa notoriété. Angkor, qui signifie « capitale » en khmer, comptait alors environ 750 000 habitants sur une superficie de près de 3000 km2. Ce fût le plus grand développement urbain de l’ère préindustrielle.

À partir du XIVe siècle, surpopulation, déforestation, érosion du sol arable combinés à des inondations auraient eu des conséquences catastrophiques sur la population. Des études ont montré qu’un désastre environnemental serait à l’origine de l’effondrement de la civilisation khmère.

Constitué de nombreux temples, d’un dispositif hydraulique complexe (réservoirs, canaux, digues…) et de routes, le site d’Angkor s’étend aujourd’hui sur 402 km2. C’est le principal site touristique du Cambodge. Classé depuis plus de 20 ans au patrimoine mondial de l’UNESCO, il attire plusieurs millions de visiteurs par an (il connaît chaque année une croissance quasi exponentielle !) et tente de s’adapter ces dernières années au boom du tourisme asiatique.

Le site d'Angkor attire chaque année plusieurs millions de visiteurs.

Le site d’Angkor attire chaque année plusieurs millions de visiteurs.

Un site menacé

Comme d’autres sites historiques qui connaissent un succès similaire, ce sanctuaire est aujourd’hui menacé, non seulement par le nombre grandissant de touristes mais aussi par le vieillissement des édifices et autres dispositifs, accéléré par l’activité humaine alentour (cultures, déforestation).

Le site d'Angkor est menacé par le vieillissement accéléré des édifices et par un afflux touristique grandissant.

Le site d’Angkor est menacé par le vieillissement accéléré des édifices et par un afflux touristique grandissant.

Le site d’Angkor a été construit sans fondation sur une couche de sable gorgée d’eau. Aujourd’hui, il s’affaisse. Le système hydraulique originel qui apportait l’eau à travers la cité et participait à l’irrigation du sol a cessé de fonctionner au fil du temps, faute d’entretien (obstrué par la jungle qui prolifère, détourné pour le besoin des cultures… ). L’assèchement des sols a déjà endommagé de nombreux édifices. Depuis 2004, un gros travail de réhabilitation a été entrepris par l’ingénieur cambodgien Hang Péou pour le remettre petit à petit en fonctionnement. Aujourd’hui les bassins et les douves autour des temples se remplissent à nouveau d’eau pendant la saison des pluies.

Malgré ces efforts, d’autres problèmes s’ajoutent. Le débit d’eau ne cesse de diminuer à cause d’une déforestation massive causée par la culture sur brûlis autour d’Angkor et sur le Mont Kulen où la rivière qui alimente le site prend sa source.

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Visite et découvertes

Lever de soleil

Il est 5 heures du matin, l’œil encore collé, nous enfourchons nos petits vélos. Il fait déjà 27 °C. Huit kilomètres nous séparent du célèbre site et dans moins d’une heure, le soleil se lèvera sur ce que certains considèrent comme la huitième merveille du monde, Angkor Wat (le temple Angkor), « le plus grand, le plus connu et le plus majestueux » des temples du site, lit-on sur notre guide. Nous pédalons à vive allure, portés par une incroyable énergie venue d’on ne sait où à cette heure-ci. On ne se rend pas encore vraiment compte quelle énormité, quel poids lourd est ce site qui draine tant de visiteurs et qui de surcroît les fait (presque tous) lever de si bon matin. Nous le savons, la journée va être longue et intense. Nous sommes une équipe de six, rencontrés dans le bus au départ des 4000 îles au sud du Laos. Il faut bien ça pour affronter le mastodonte.

Le lever de soleil sur Angkor Wat ; il est 6 heures.

Le lever de soleil sur Angkor Wat ; il est 6 heures.

Mais pourquoi…

On pourrait vous dire qu’à 5 h 30, on faisait face à Angkor Wat, en tête à tête avec le soleil levant, caressés par la fraîcheur matinale. En effet, c’est à peu près l’image romantique qu’on se faisait tous… avant. Cependant, ce serait faux. Lisez plutôt.
Sur le chemin, un, deux, trois tuk tuk lancés dans une course effrénée nous doublent. Tiens, tiens, on n’est pas les seuls… Arrivés au guichet d’entrée, on s’ajoute, un peu éberlués, à une queue de 10 m, on ouvre le deuxième œil. Mais enfin pourquoi ces gens se sont-ils tous levés si tôt ? On se fait photographier, délester de 20 dollars chacun avant de remonter sur notre vélo et de manquer de se faire une cuisse en pédalant comme des dératés. Ils vont bien finir par nous faire louper le lever de soleil. Bref l’incompréhension totale
Ainsi va la vie des lève-tôt de Angkor : arriver avant que le soleil ne soit trop haut et que les cars de touristes ne dégueulent trop de gens devant le temple. Bienvenue à Angkor !

Mieux vaut partir tôt pour sillonner le site d'Angkor à vélo !

Mieux vaut partir tôt pour sillonner le site d’Angkor à vélo !

Le site est immense. Nous nous en rendons compte très vite en pédalant sous la chaleur harassante. Cette visite devient vite un combat de chaque instant. Arriver avant les autres, arriver avant que le soleil ne soit trop haut et n’aplatisse le relief, entendre le silence, sentir le vieux, l’Histoire, avoir sa part d’exploration, même d’un petit recoin, est-ce que quelqu’un l’a vu celui-ci ? On voudrait tous voir des belles choses, être les seuls ; on voudrait tous voyager et être les seuls mais on a tous la même idée. Tel est l’éternel contradiction du voyageur : par son essence même il est acteur de ce qu’il renie.

Mais oublions cela. Fermez plutôt les yeux, reniflez à présent le vieux palto de votre grand-mère fraîchement sorti de la malle du grenier, imaginez-vous coiffés du chapeau d’Indiana, mettez le ventilo en marche (on s’y croit toujours plus les cheveux dans le vent), puis doucement, ouvrez les yeux et regardez ces merveilleuses photos. On a tous droit à son Angkor ! Tadtadataaaa tatadaaaa tadtadataaaa tatatata…

Les temples Angkor Wat, Banteay Kdey, Ta Phrom, Angkor Thom…

Coup de cœur pour Bang Mealea

La visite du site nous avait mis tous à terre le soir même. Angkor, ça se mérite ! Sans grande motivation pour faire une deuxième journée sur le même mode, nous restions tout de même sur notre faim. Il y a tant à voir… C’est là que nous avons décidé d’aller visiter Bang Mealea, un temple angkorien à une soixantaine de kilomètres de Siem Reap et du site principal. Un véritable coup de cœur !

En arrivant, le temple de Bang Mealea nous accueille de toutes ses pierres.

En arrivant, le temple de Bang Mealea nous accueille de toutes ses pierres.

Départ 6 heures du matin, avec Ivo et Lovis, un couple de Berlinois qui nous avait entendu parler de l’idée la veille. C’est l’opportunité de partager le tuk tuk et puis à quatre c’est toujours plus sympa qu’à deux. Pra, notre gentil chauffeur nous conduira donc au temple de Bang Mealea puis au village flottant de Kompong Khleang, au bord du lac Tonlé Sap.

Nous sommes littéralement tombés sous le charme de ce temple. Un peu comme le Ta Phrom (un des temples d’Angkor les plus connus), il est complètement assailli par la jungle alentour. Mais à la différence de ce premier, il n’a pas été nettoyé ni rénové. Il est donc dans son état naturel, avec certes quelques aménagements en bois pour éviter de patiner les pierres et de les abimer.

Par bonheur, le temple Bang Mealea n'a pas été rénové ni nettoyé et est assailli par la jungle.

Par bonheur, le temple Bang Mealea n’a pas été rénové ni nettoyé et est assailli par la jungle.

Ce matin-là, nous sommes arrivés les premiers. Le temple allait être rien que pour nous pendant une heure. Au moment où nous le franchissons, la lumière est parfaite, la chaleur encore discrète, les bruits de la nature sont un fond sonore apaisant. C’est magique ! Nous savourons cette chance jusqu’au bout, jusqu’à l’arrivée de ce car de touristes chinois. Mais c’était fait, personne ne pouvait nous le reprendre ce délicieux moment, à monter, descendre, traverser, contourner ce majestueux temple. Joli Bang Mealea, ne change pas.

Le temple de Bang Mealea

 

Lire aussi :
[Cambodge] Kampong Khleang : les pieds dans le lac Tonlé Sap.

 

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