Bangkok compte plus de huit millions d’habitants pour une superficie de presque 1600 km2. Vu du ciel, nous découvrons une ville qui semble immense, ultra dynamique et très industrialisée. Alors que je l’imaginais saturée de couleurs, je l’aperçois tout en nuances de gris, couverte d’un voile, n’hésitant pas longtemps entre la pollution ou une brume matinale. Aucun centimètre n’est inoccupé. Il est 9 heures, heure locale, nous atterrissons à Bangkok. C’est notre première rencontre avec l’Asie du Sud-Est.
Tout le long de la ligne du train express qui rejoint la ville, de gigantesques panneaux appâtent l’investisseur. Je sens la ville bouillir comme une cocote prête à siffler. Plus on se rapproche, plus je sens son pouls. Cette ville n’est vraiment pas celle que je croyais. Il va falloir reconsidérer mes attentes. À l’arrivée de l’express, nous nous lançons à la recherche du bus 72 qui nous mènera à notre guesthouse, où nous passerons six jours. Nous mettrons plus d’une heure à y parvenir, après de fausses indications. Des passants apparemment serviables se sont avérés être des rabatteurs pour tuk-tuks.
La chaleur de la rue
Notre premier contact avec Bangkok est sans demi-mesure. La chaleur nous enlace comme une embrassade de grand-mère, sans que l’on puisse bouger ni respirer. Deux grasses matinées suffiront tout juste à nous remettre d’aplomb. À cela, combinons les odeurs de nourriture frite et de pots d’échappement, et nous avons un bon aperçu de l’ambiance locale, loin de nos rues aseptisées où tout le monde passe sans jamais prêter attention. Ici au contraire, tout se passe dans la rue : on y mange, on y discute. En soirée, les appartements restent grand ouverts et on aperçoit les familles, assises par terre, profitant de la douceur de l’air.
Le petit bout rouge
Tous les coins de rues sont prétextes à monter son petit restaurant ambulant de soupe thaïe ou de brochettes de viande. Deux, trois vendeurs se partagent souvent quelques tables, on choisit son plat là où la nourriture nous fait envie et on s’assoit pour être servi. C’est simple, bon et sans chichi. Pour se faire comprendre, quelques gestes et un sourire sont souvent plus efficaces que les cours d’anglais de Mme Sylvestre, enfin à quelques détails près.
Pourtant, tout le monde semblait les comprendre les mots no spicy. Mais cela nous a valu quelques belles corrections au niveau du palais, tout ça parce qu’on ne l’avait pas vu le petit bout rouge caché sous le haricot. Une fois le processus enclenché, la larme commence à couler, la bouche s’entrouvre, happant l’air du dehors dans l’espoir qu’il atténue quelque peu le feu qui se répand. On boit de l’eau, en vain. Alors on se regarde, juste par compassion, puis on attend que ça passe, dignement, l’air de rien.
Wat Phra Chetuphon Vimolmang Klaram. What?
Dix minutes à pied suffisent pour se rendre à l’embarcadère sur la Chao Praya et prendre le bateau-taxi vers les temples et monuments les plus importants de la ville, voir de Thaïlande. (Très vite, nous sommes devenus adeptes des transports fluviaux locaux, délaissant les tuk-tuk et taxis qui sont chers et refusent certaines courses.) Parmi les temples auxquels nous nous attaquons, citons le Wat Pho (ou plus exactement le WatPhra ChetuphonVimolmang klaram) abritant le fameux Reclining Buddha – bouddha allongé de 46 m de large et 15 m de haut atteignant le nirvana (mort)–, le Grand Palais et le Wat Phra Kaew – temple le plus important de Thaïlande. Ce dernier attire chaque année de nombreux pèlerins et moines de tout le pays qui viennent se prosterner devant le bouddha de jade (faussement appelé the Emerald Buddha). Le site offre donc à voir de magnifiques pagodes et autres constructions dorées, ornées de miroirs, sculptées et peintes. Une richesse qui démontre une vénération sans limite. Le contraste est saisissant avec l’extérieur.
Le jour décline, l’heure la plus agréable approche et nous nous perdons dans les recoins de ces sites. De nombreuses statuts peuplent les alentours des temples et la lumière descendante commence à leur faire prendre vie. Soudain, un bruit grave et continu nous interpelle : c’est l’heure de la prière des moines. Nous entrons à pas de loup, nous asseyons à terre, prenant garde à ne pas pointer nos pieds vers le Bouddha, et profitons de ce moment de quiétude pour une courte méditation.
Rendez-vous sur Nana
Andrea, un ancien collègue d’Erik qui est venu s’installer à Bangkok, nous donne rendez-vous sur Sukhumvit pour passer la soirée ensemble. Les rues grouillent, c’est le lieu pour appréhender la vie nocturne. Après une bière au Cheap Charlie’s et un succulent repas à deux pas, au restaurant Suk11, il nous lance le sourire aux lèvres : « Venez, je vais vous faire voir quelques endroits typiques ». Et c’est là que nous nous embarquons sur « Nana », petit nom donné à la Soi 4 (rue n° 4). Nous entrons dans une cour accueillant plusieurs bars dansants aux néons aguicheurs. À l’entrée de chacun, de jolies jeunes femmes ou des « lady boys » (parfois l’apparence est trompeuse !) en dessous attirent le chaland à coup d’arguments remontés jusqu’au dessous du menton. Avec cela, le fessier haut, le ventre plat et la taille fine finissent d’en convaincre plus d’un. Nous faisons le tour du propriétaire en spectateur curieux. La vision de quelques européens pas bien beaux venant se payer quelques heures de plaisir me laisse perplexe. En redescendant dans la cour, la vision de deux autels remplies d’offrandes nous fait sourire. Andrea nous explique qu’ils renferment les esprits du lieu et que leur faire ces offrandes permet de les garder à l’intérieur. Sacré contraste. En sortant de ce complexe de divertissement, on peut lire sur le haut de la porte « The world’s biggest adult playground ». En effet.
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Direction les îles thaïlandaises. Nous prenons un bus de nuit pour la ville de Ranong pour rejoindre Kho Phayam, une île au large de la pointe sud du Myanmar, pour quelques jours de plage et de farniente.
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