Le VIP bus qui nous ramène de Ranong après notre escapade dans les îles, propose un repas. C’est compris dans le billet. Vers 22 h 30, il s’arrête. Alors que nous descendons sur une aire peuplée de voyageurs en transit et de vendeurs alertes, une voix amplifiée nous invite à entrer dans une salle à manger immense. Les néons, le micro, la cohue : voilà un réveil efficace.
« C’est du porridge de riz mais si vous voulez du vrai riz, c’est à côté », nous lance notre voisin de table dans un anglais plutôt correct. Il semble être habitué. C’est ainsi que nous l’avons rencontré, le temps d’une pause sur la route, en pleine nuit, entre deux cycles de sommeil. Même pas eu le temps de lui demander son prénom mais il est ghanéen, la trentaine passée, et il est venu en Thaïlande pour jouer au football. Un africain qui vient jouer au foot en Asie, ce n’est pas commun.
« Je continue encore deux ans et j’arrête ! », confie-t-il. En attendant, il doit faire le trajet jusqu’à Bangkok pour renouveler son visa, comme tous les ans. Il joue dans l’équipe de Chumpon, un peu au nord de Ranong, côté golf de Thaïlande. Il est venu tenter sa chance car « le Ghana, c’est un très beau pays pour y vivre, mais si tu n’as pas d’argent tu ne fais rien ». Alors il essaie, histoire de voir s’il peut percer et faire de l’argent. D’ici deux ans, sa carrière sera terminée et il se lancera dans la mode, car avant de venir ici, il l’a étudiée à l’université mais sans jamais y travailler. Il a déjà réfléchi à tout. La Thaïlande est un pays parfait pour y monter sa marque et y faire produire des habits à moindre coût.
Le temps de pause est écoulé, il faut remonter dans le bus. « We have to fight ! », nous dit-il plusieurs fois. Ses mots raisonnent.
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