Campagne ou ville, notre cœur a du mal à se décider. On aime autant le calme et la lenteur de l’une, que le tumulte et l’énergie de l’autre. Ainsi, après une ribambelle d’arrêts dans de petites villes et plusieurs passages dans la nature, comme dans le Delta du Mékong ou au parc naturel de Phong Nha, on s’est fait une joie de retrouver la grande ville, la vraie. Celle où l’on se noie dans le flux, la diversité, le bruit, l’histoire, le quotidien. Là où cohabitent les extrêmes et où chacun s’approprie son espace à sa manière.
Hanoï. La « ville au-delà du fleuve », charmante, millénaire, capitale tour à tour délaissée, élue, puis victorieuse. Hanoï, deuxième ville la plus peuplée du Vietnam après Ho-Chi-Minh-Ville, où nous avons passé presque deux semaines. Ce serait mentir de dire que l’on a appris à la connaître car elle est immense et multiple. Mais nous nous sommes contentés, comme entrée en matière, de rayonner entre le Vieux Quartier, le quartier français et le mausolée de l’oncle Ho. Et c’est déjà beaucoup ! Il y a tant à voir, si l’on regarde bien. Voici quelques petits bouts d’Hanoï, grappillés ça et là.
Vivre
Ou mourir ? La première chose qui n’échappe à aucun visiteur en arrivant à Hanoï, c’est le bruit et le trafic routier, et plus particulièrement la circulation des scooters. Certes c’est une particularité vietnamienne mais à Hanoï il semblerait que ces engins circulent encore en plus grand nombre et dans les moindres recoins de la ville : le scooter est roi. D’ailleurs, les maigres trottoirs sont faits pour les garer ; piétons, faites attention où vous mettez les pieds et soyez alertes, un scooter peut en cacher dix autres lancés à vive allure. Bon, de toute façon, ils ne manqueront pas de vous klaxonner pour vous dire de vous jeter sur le trot… euh sur la rou…, enfin où vous pourrez car en réalité aucun n’espace ne vous est attribué. Allez, sans rancune, aucune.
CINQ VÉRITÉS QU’IL FAUT SAVOIR SUR LES SCOOTERS A HANOÏ
- Un scooter qui arrive en face de vous ne se décalera pas pour vous éviter. C’est à vous de vous pousser si vous voulez rester en vie.
- Un scooter qui arrive derrière vous va, sept fois sur dix, vouloir tourner juste devant vous pour se garer (oui, parce que vous marchez sur le bord de la route puisque les trottoirs sont faits pour garer les scooters). Vous devrez alors le contourner pour continuer votre chemin.
- Un scooter, même si vous le laissez passer, va vous klaxonner d’un son à vous faire perdre quelques décibels. C’est une question de principe.
- Il vaut mieux être en scooter qu’à pied, même pour faire 10 mètres. D’ailleurs, il n’y a bien que les touristes qui marchent. Quelle idée…
- Le scooter aura toujours priorité. Faites-vous en une raison (on le vit mieux comme ça !).
Bonus : la courtoisie est… Non, en fait, laissez tomber.
Se balader
Les Vieux quartier ou Quartier des « 36 rues et corporations » et au-delà
Situé au nord du lac Hoàn Kiếm (Hồ Hoàn Kiếm), ce fameux quartier est un endroit fantastique pour se promener à pied et prendre une bouffée de vie, un shoot de quotidien. On y déambule, passant d’une rue à l’autre comme d’un univers à l’autre. Ce quartier porte les traces de son histoire car à l’époque, chaque rue commençant par Hàng abritait un corps de métier, comme Hàng Bạc, la rue des orfèvres, Hàng Bộ, la rue des paniers, Hàng Da, rue du cuir, Hàng Đào, rue de la soie ou bien d’autres encore. Les magasins sont parfois très étroits et donnent l’impression d’être serrés les uns contre les autres car les commerçants étaient autrefois taxés sur la largeur de leur devanture.
Le lac Hoan kiếm (Hồ hoan kiếm)
On s’y balade à toute heure, car c’est un endroit agréable pour marcher et se détendre. En fin de journée, on peut y voir des gens faire leur sport quotidien. On y a fait quelques rencontres aussi : des jeunes viennent traîner là dans l’espoir de parler un peu anglais (ou français !) avec des occidentaux de passage. Sur le lac, on peut visiter Ngoc Son, le temple de la montagne de Jade (voir plus bas), mais aussi admirer la tour de la Tortue qui rend hommage à l’animal sacré de la légende de l’épée.
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Manger
Hanoï est l’endroit rêvé pour s’enivrer de saveurs vietnamiennes tant il y a de petites échoppes ou restaurants de rue (street food). Disposés les uns à côté des autres, ils étalent sur les trottoirs leurs mini tables et chaises en plastique coloré et appâtent le client avec des odeurs convaincantes et des rabatteurs fort tenaces. La capitale vietnamienne est donc réputée pour son street food – certains guides proposent même des street food tours – mais elle abrite également plein de restaurants bon marché de qualité.
Lors de notre séjour à Hanoï, à force de traîner dans des petits cafés locaux et d’autres plus « modernes », on s’est découvert un penchant presque addictif pour le café-yaourt (du yaourt, du café, du sucre et de la glace pilée : easy !). Mais nous avons aussi essayé le ca phe trung da (café glacé aux œufs) qui a en réalité plus un goût de crème anglaise que d’œuf. Trop bon !
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Des blog et articles intéressants sur le street food (en anglais) :
- Sticky rice, un blog sur la cuisine vietnamienne et hanoïenne, avec notamment une présentation des plats de street food les meilleurs marchés : Extreme cheap street eats. L’auteur organise notamment des street-food tours.
- Best budget eats in Hanoi, The Guardian
- Guide to Hanoi: Where to Eat, The CNTraveller
{Recette} le phở : cette soupe de nouilles de riz, de viande servie avec des herbes fraîchement hachées et un demi citron vert, est sans doute le plat le plus traditionnel du Vietnam. On dit qu’il tient ses origines dans le pot-au-feu français mais ce serait vite le résumer (un peu d’histoire ici)… Bref, voici une recette de phở.
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Visiter
En matière culturelle, il y a de quoi faire avec quelques musées et monuments très intéressants. Nous n’avons pas pu voir tout ce qui nous tentait, et en particulier le très réputé musée d’Éthnographie du Vietnam sur les quelque 54 ethnies du pays mais ce sera un prétexte pour revenir.
Le temple de la Littérature, rue Quốc tử giam
Temple confucéen édifié en 1070 par Lý Thánh Tông, troisième empereur de la dynastie Lý, il a accueilli pendant près de 840 ans les fils de mandarins et de l’aristocratie qui venaient y faire leurs études pour devenir lettrés et hauts fonctionnaires. Les enseignements étaient basés sur les codes moral et social énoncés par le philosophe Confucius.
Le temple n’avait donc pas de vocation religieuse. Il est divisé en cinq cours construites dans l’axe traditionnel chinois nord-sud, séparées par des portes réservées aux seigneurs ; les domestiques, serviteurs et soldats empruntaient les allés de côté. On peut voir les statues des anciens directeurs et enseignants qui ont marqué la vie de l’académie. Des rangées de stèles en pierre posées sur le dos de tortues géantes rappellent à jamais le nom des diplômés des différentes promotions.
Aujourd’hui, beaucoup d’étudiants en période d’examen viennent ici prier les illustres enseignants et s’attirer la chance pour leurs futures épreuves.
Le musée des Beaux-arts, rue Nguyễn thai học
Le bâtiment, qui abrite depuis 1963 le musée des Beaux-Arts, était autrefois un collège catholique pour jeunes filles construit en 1937 pendant l’Indochine française. Le musée offre à voir quelques très belles pièces d’art vietnamien de peinture sur soie et de laque, ainsi que des œuvres d’art du XXe siècle jusqu’aux années 70, aux premier et deuxième étages. Des œuvres empreintes du réalisme soviétique de l’époque : surprenant de voir Hồ Chí Minh représenté dans un tableau de laque… Le rez-de-chaussée est consacré à des objets de la Préhistoire et des statues bouddhistes.
LE MUSÉE NATIONAL D’HISTOIRE VIETNAMIENNE, RUE TRANG TIEN
Il faut du temps et un peu de cerveau disponible pour le visiter. Ce n’est donc pas un musée à aller voir pour un séjour express à Hanoï mais nous avons beaucoup apprécié flâner dans ses allées un tantinet poussiéreuses. Installé dans le bâtiment colonial de l’École française d’Extrême-Orient depuis 1958, il abrite une collection assez impressionnante d’objets votifs, de bijoux, de sculptures, d’armes… de la Préhistoire à l’époque coloniale, en passant par toutes les dynastie et époques qui se sont succédées (attention, c’est là que le cerveau risque de fumer) : les dynasties Trân, Nguyen, Ly, les Cham…
La cathédrale Saint-Joseph (Nha tho lon), rue Lý quốc sư
L’une des trois principales églises catholiques à Hanoï et aussi la plus ancienne. Elle a été construite par les Français en 1886 dans un style néo-gothique.
Le temple de la Montagne de Jade (Ngoc son)
Situé sur le lac Hoàn Kiếm, ce temple a été construit au XIXe siècle en l’honneur du général Trân Hung Dao, vainqueur des Mongols au XIIIe siècle, ainsi que du précurseur de la médecine La To, du lettré Van Xuong De et du génie des arts martiaux, Trân Vu. Un pont laqué de rouge construit en 1875 permet d’y accéder. À l’intérieur du temple, on peut notamment voir la fameuse tortue géante de la légende de l’épée (voir plus haut), empaillée.
Le mausolée de Hồ Chí Minh, alias « Oncle Ho »
Pour ceux qui sont allés en Russie, cela rappelle étrangement celui de Lénine, sur la place Rouge à Moscou. Presque tout pareil, puisque Hồ Chí Minh y repose et subit le même traitement régulier pour garder son corps en état. On peut donc aller le voir ; nous nous sommes contentés de passer devant le mastodonte de granite qui se trouve sur la place où fut proclamée l’indépendance du pays le 2 septembre 1945, et c’était déjà bien suffisant. Pour la petite histoire, Hồ Chí Minh souhaitait qu’après sa mort ses cendres soient dispersées sur trois collines, au nord, au centre et au sud du pays en guise de symbole de la réunification mais le Parti en a décidé autrement.
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