Au Japon, une magie éphémère opère chaque année au printemps : les sakuras sont en fleurs. Il faut dire que les Japonais vouent un véritable culte à la nature, en toute saison, mais le printemps reste très particulier. Il est la parfaite illustration du raffinement et de l’esthétisme qui font la beauté de cette fascinante culture.
Cinq mois après notre première halte au Japon, nous avons voulu revenir, pour vivre le printemps. Et nous sommes montés vers le nord jusqu’à la préfecture d’Aomori pour en prendre plein les yeux !
Voyage à la japonaise
On prend un bus de nuit, encore un. Oui mais un bus japonais, c’est pas pareil. On sait que la nuit sera paisible car nous sommes entre les bonnes mains d’un chauffeur aux gants blancs. Confort, organisation, propreté sont les maîtres-mots du service à la japonaise. Malgré cela, un bus Japonais ne vaut quand même pas le confort d’un bon futon. Si, si !
On s’est regardés en prenant le billet et on pensait la même chose. Car c’est chaque fois la même chose. Nos regards baignaient entre une semi-lassitude des transports nocturnes et une totale excitation du retour au voyage. Un sentiment pas vraiment compréhensible mais nous, on le connaît bien : on ne peut rien y faire, on est heureux et impatients. Malgré tout.
Spectacle éphémère
Si nos calculs sont bons et si les informations grappillées ça et là sont vraies, les cerisiers seront en fleurs à notre point d’arrivée. Même la coiffeuse nous l’a confirmé la veille : les cerisiers sont en fleurs depuis un jour seulement. Elle vient d’Hirosaki, une des villes où nous allons. Elle était folle de joie quand on lui a dit qu’on y allait. Cette ville organise chaque année un festival au printemps qui attire de nombreux visiteurs venus voir les sakura fleuris qui ornent les enceintes du château. C’est le spot parfait ! Mais le spectacle ne dure que quelques jours et il suffit d’une averse ou d’un coup de vent pour qu’il soit fini. On croise les doigts !
Aomori
On a décidé de se baser dans la ville portuaire d’Aomori, lovée dans la baie à l’extrême nord de Honshū, l’île principale de l’archipel. Elle fait face à l’île d’Hokkaido, à laquelle elle était reliée par un ferry, remplacé aujourd’hui par le tunnel de la nouvelle ligne de Shinkansen – le TGV japonais. On va à Aomori pour son port, le célèbre festival Nebuta et son musée, ses pommes et produits transformés (cidre, confiture, etc.), son étonnant ail fermenté, et bien sûr ses cerisiers en fleurs.
D’ailleurs, ça se passe au parc Gappo, à une demi-heure de bus du centre-ville. Au printemps, les habitants d’Aomori y vont pour fêter Hanami sous les branches surchargées de fleurs. Ils y pique-niquent en famille ou entre amis, s’y promènent, viennent déguster du poulet frit, des takoyaki (boulettes de poulpe) ou quelques mochi (gâteaux de riz) enfilés sur un bâtonnet achetés à l’un des stands installés pour l’occasion, ou encore pour écouter un chanteur au micro grésillant (quoique…).
À une demi-heure de JR (train) se trouve la belle Hirosaki. C’est idéal pour y passer une journée entière, voir y rester la soirée.
Hirosaki
Hirosaki est une ville très charmante et son château attire chaque printemps de nombreux visiteurs. Le parc qui l’entoure est bordé d’arbres qui explosent de couleurs douces dans les tons allant du blanc au rose bonbon. En arrière plan du château trône le majestueux mont Iwaki au sommet encore enneigé à cette époque. Manque plus que le kimono et on se croirait incrustés dans une peinture traditionnelle.
Sur la rivière en contre-bas, des amoureux ou groupes d’amis se prennent en photo sur leur petite embarcation à rames. Le ciel gris du début de journée donne une beauté mélancolique. Dans les allées, on pose sous une branche ou on préfère un selfie les deux doigts en l’air. On y emmène ses aïeux, en fauteuil roulant s’il le faut, parfois même son chien en laisse vêtu d’un costume affriolant ou dans un joli landau… C’est une grande fête, une période qui rassemble tout le monde et toutes les générations.
Quand soudain le soleil se pointe, les arbres s’illuminent et le paysage prend une autre dimension. Les appareils photo s’activent sous l’intensité des couleurs. Un brin de vent chasse quelques pétales qui viennent se poser sur l’eau. C’est le parfait moment, demain sera déjà trop tard. Du coup, on refait le chemin une fois encore, avec l’œil neuf d’un nouveau spectacle.
Le soir venu, l’ambiance est différente. Les arbres du parc sont savamment éclairés et donnent un effet surréaliste comme celui d’un paysage sous la neige.
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INFORMATIONS PRATIQUES
Se rendre à Aomori depuis Tokyo :
- en bus de nuit : la compagnie Willer Express fournit un service au top et un site en anglais (hé hé !) pour booker ses trajets. Il existe des pass 3, 5 ou 7 jours si vous faites plusieurs déplacements au Japon, qui peuvent s’acheter sur place.
- en Shinkansen : le mieux est de se rendre au guichet dans une station de JR (train). Les billets sont assez chers mais il existe un pass pour plusieurs trajets, le Japan Rail Pass, qui ne s’achète qu’en dehors du Japon et est destiné seulement aux touristes.
AOMORI
Visites et bonnes adresses :
- le parc Gappo : prendre la ligne 2 depuis la gare (prix : 220 yens), le chauffeur vous indiquera l’arrêt
- la A-Factory pour y déjeuner ou y acheter des produits locaux
- le musée sur le festival Nebuta (The Nebuta Warasse)
- le port : balade piétonne le long du port pour admirer le grand pont, le ferry, le bâtiment triangulaire du centre touristique de la préfecture d’Aomori (Aomori Prefecture Tourist Center) duquel on peut admirer la vue depuis le haut pour quelques centaines de yens et acheter des produits locaux au rez-de-chaussée.
Logement : nous avons séjourné au APA Aomorieki-Kenchodori grâce à un gros discount sur Booking. C’est propre, l’accueil est bon et c’est central (proche gare, musée, A-Factory, port…)
HIROSAKI
Transport : pour s’y rendre depuis Aomori, prendre le JR (train) à la gare d’Aomori. Prix : 670 yens (aller). Le bus de nuit Willer-Express s’y arrête et le Shinkansen aussi, si vous voulez séjourner là (mais attention les logements sont chers en cette période)
Visites et bonnes adresses :
- le château d’Hirosaki (ou Takaoka castle) : depuis la gare, s’y rendre soit à pied en suivant les panneaux, soit en prenant le Dotemachi Loop Bus devant la gare (prix : 100 yens ; le service finit à 18 h)
Entrée payante : de 310 à 510 yens, selon le ticket (château, jardin botanique et/ou Fujita Memorial Garden).
- Le café Buruman sert du très bon café à deux pas du château. Ne manquez pas la délicieuse tarte aux pommes maison et l’impressionnante collection de tasses.
- Le Fujita Memorial Garden (Fujita Kinen Teien) et son café : (l’entrée peut être incluse avec celle château). Endroit charmant et paisible pour une balade de fin de journée. À l’entrée, une bâtisse de style occidental abrite un petit café avec une véranda donnant sur le jardin. On recommande le thé aux pommes et la tarte aux pommes.
Ce site Internet donne des infos en temps réel sur la floraison des cerisiers dans tout le Japon.
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