Nong Kiaew et Muang Ngoi : au bord de la Nam Ou

Nong Kiaew, Laos

Après un petit séjour à Luang Namtha, dans le nord-ouest du Laos, nous avions plusieurs possibilités pour continuer le voyage. Revenir à la frontière thaïlandaise  de Huai Xai en quatre heures de bus puis descendre le Mékong en bateau jusqu’à Luang Prabang – itinéraire prisé par les voyageurs – ou mettre le cap vers le nord-est pour faire un détour vers Nong Kiaew et Muang Ngoi, et goûter à l’authenticité du nord-est du Laos. Sans regret, nous avons choisi la seconde option.

Pour se rendre à Nong Kiaew, il faut sept heures de bus : six jusqu’à Pak Meng, puis une heure de minibus jusqu’à destination. C’est là même que nous avons fini d’appréhender les particularités des voyages en bus laotien.

Nous occupons la banquette arrière du bus avec nos amis suisses. Locaux et voyageurs se partagent les deux rangées de sièges devant nous et quelques poules et sacs de marchandises, l’allée centrale. On est au complet. Nos sacs sont sur le toit, ainsi qu’un scooter et quelques poussins qui piaillent à chaque nid de poule (si je puis me permettre)… Le tout est bien ficelé et le moindre espace est optimisé. Par bonheur, les fenêtres peuvent s’ouvrir et nous récompense d’un peu d’air tiède quoi qu’un peu poussiéreux.

Haut le(s) cœur(s)

Imaginez-vous donc plusieurs heures à rouler sur une route de terre rouge en cours de construction, tournicotant. De loin, on dirait une saignée fraîche dans la montagne. Entendez à présent le bruit du moteur maintes fois ressuscité, le grincement des sièges à chaque rebond, les poussins qui piaillent sur le toit et l’air qui siffle dans vos oreilles, elles-mêmes caressées par un vieux rideau virevoltant un tantinet dégueu. Sentez ensuite votre cœur monter puis descendre dans votre thorax lorsqu’au passage de la moindre boursoufflure vous décollez de 10 cm, comme un semblant de défit à l’apesanteur. Wou hou hou. La décision de croquer dans une banane ou d’assouvir une envie de biscuits fourrés prend alors une réelle importance. L’erreur est si vite arrivée.

Et au milieu coule la Nam Ou

Nong Kiaew est un village bordé de montagnes en forme de pain de sucre, verdoyantes jusqu’au sommet. Il est traversé par la Nam Ou, affluent du Mékong. Il a pris ses aises de chaque côté de la rivière et un immense pont en béton fait office de trait d’union et accessoirement de spot privilégié pour admirer les couchers de soleil rougeoyants. Non mécontents de nous, nous négocions un bungalow avec une terrasse et une jolie vue sur la rivière à 50 000 kips la nuit. Cet endroit est paisible et accueillant. Le genre de lieux où l’on peut facilement perdre la notion du temps.

Nong Kiaew, Laos Nong Kiaew, Laos Rivière Nam Ou, près de Nong Kiaew, Laos

Les habitants de la région vivent beaucoup de la rivière, et notamment de la cueillette d’algues qu’ils aplatissent en rectangles de 25×30 cm, parsèment de sésame et de bouts de tomates et qu’ils font sécher au soleil. C’est la spécialité culinaire de la région. Elle se mange frite, en accompagnement d’un plat ou comme snack.

Algues frites, spécialité laotienne - Muang Ngoi

Par ailleurs, les habitants de Nong Kiaew exploitent, au nom de la communauté, les quelques attraits touristiques alentours. Ainsi, on peut profiter de nombreuses cascades et visiter plusieurs grottes dont certaines gardent encore les vestiges d’une vie civile pendant les bombardements de la guerre du Vietnam. Un droit d’entrée est demandé, justifié par des aménagements plus ou moins importants.

Pour prendre un peu de hauteur, un point de vue a été aménagé et gratifie le randonneur d’un panorama à 360 degrés sur les montagnes et vallées alentours, ainsi que sur le village de Nong Kiaew (à faire de préférence pour le coucher ou le lever du soleil). La montée dure une heure et demie sur un chemin escarpé à travers une forêt assez dense. C’est bien balisé, mais il ne vaut mieux pas sortir des sentiers battus comme l’avertit un panneau, de vieilles bombes n’ont pas encore explosé. Argl.

Liane, Nong Kiaew, LaosPoint de vue - Nong Kiaew, LaosMontagnes bleutées - Nong Kiaew, LaosPoint de vue - Nong Kiaew, LaosVue sur Nong Kiaew, Laos

Enfin, les agences du village proposent des excursions à la journée et louent des VTT ou scooter pour accéder à des petits coins baignade ou encore traverser des villages ethniques.

Sous le soleil de Muang Ngoi

En remontant la rivière à une heure de long boat – ces longs bateaux de bois sur lesquels on navigue à ras de l’eau –, on accède à Muang Ngoi, petit village paisible et point de départ pour plusieurs joli randonnées. À l’embarcadère de Nong Kiaew, voyageurs et locaux attendent le prochain départ. Des femmes laotiennes transportent de lourdes marchandises jusqu’aux bateaux.

Villageois - Nong Kiaew, LaosFemme laotienne - Nong Kiaew, LaosLong boat - Nong Kiaew, LaosFemme portant des marchandises - Nong Kiaew, LaosEnfant laotien - Nong Kiaew, LaosBuffles, LaosPêcheur laotien - Nong Kiaew, LaosLong boats, Muang Ngoi, LaosPanneaux de pêche, Laos

Le petit village de Muang Ngoi s’étale de tout son long au bord de la rivière Nam Ou. Les maisons sont construites de part et d’autre de la rue principale en terre battue présidée par le wat (temple).

Rue principale de Muang Ngoi, LaosFilet de pêche, Muang Ngoi, LaosDons au temple du Muang Ngoi, Laos

Il faut partir tôt pour accéder aux trois petits villages ethniques les plus proches, sans trop souffrir de la chaleur. Dès 9 heures du matin, le soleil tape et ne nous laissera aucun répit jusqu’en fin de journée. Le chemin passe au pied de la montagne assaillie par la verdure et longe les rizières encore sèches à cette époque. Le calme de la nature accompagne notre silence de marcheurs. Nous suons à grosses gouttes, nos habits sont littéralement trempés de sueur et la poussière ocre du sol nous colle aux jambes. Vivement une bonne double à l’arrivée.

Pont de bois, Muang Ngoi, LaosFemmes laotiennes dans les champsGenre de cucubitacée, Laos Maison en bambou, Muang Ngoi, Laos Arbre, LaosCampagne laotienne, Muang Ngoi

Déjeuner sur les rizières

Au village de Ban Ha, une pancarte peinte à la main annonce la direction d’un restaurant. Amusant, un resto ici ! Ça tombe bien, on a faim. Nous nous asseyons à une table commune, ombragée, avec une vue sur les rizières rehaussée d’un joli bougainvillier rose fuchsia. Cet endroit est vraiment charmant et on-ne-peut-plus authentique puisque nous sommes visiblement chez des villageois qui ont monté leur petite affaire dans leur cour. Nous commandons, l’attente est longue mais récompensée par une cuisine fraîche et locale.

randonnées dans les rizières, Muang Ngoi

Vingt minutes de marche plus loin et une rivière franchie, nous entrons dans le troisième village, Huai Bo, qui vante les beautés de sa cascade un peu plus loin. Au premier abord, il ressemble aux autres. Mais à chaque pas, sa beauté se dévoile. On ne sait trop dire ce qui le rend beau : les gens, les maisons ne sont pourtant pas plus beaux qu’ailleurs. C’est sans doute la vie qui l’anime, quoique c’est plutôt calme. La cohérence dans cette vie peut être. En tous cas, pas facile de déambuler discrètement avec nos gueules d’occidentaux. Malgré nos habits sobres, on dénote. La sobriété est toute relative… On se sent un peu comme une tâche dans un tableau de maître.

Village de Bana, LaosCochon noir, LaosRizière, Muang Ngoi

De retour au village le soir, on se dit qu’on resterait bien un peu plus ici aussi, à apprécier la fraîcheur des nuits, admirer la brume matinale caresser la rivière et se noyer dans la douceur des cocktails du Riverside sur un fond de jazz afro-cubain.

 

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

Enregistrer

3 commentaires

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.